L'expérience Kintsugi : transformer la poterie cassée en art à Tokyo

Le kintsugi , ou « jointure dorée », est une technique traditionnelle japonaise unique permettant de restaurer avec élégance la poterie brisée . La diffusion et la perpétuation de cette technique s'enracinent dans l'histoire et la culture du Japon, souvent marquées par les catastrophes naturelles. Les Japonais valorisent le dépassement des épreuves et la capacité à en ressortir plus forts et plus beaux, un esprit que reflète le kintsugi. Ce dernier vise non seulement à réparer, mais aussi à restaurer un objet pour lui redonner un aspect encore plus robuste et plus beau qu'à l'origine .

Cette pratique s'inspire de l'esthétique du «  wabi-sabi », qui enseigne la beauté qui se révèle avec le temps et l'acceptation des imperfections. Dans l'esprit du « mottainai », le respect des objets et une culture du recyclage ont été cultivés. Le kintsugi incarne la philosophie selon laquelle les objets et la vie méritent une seconde chance et peuvent rayonner davantage après avoir surmonté l'adversité .

Au cœur du quartier Minami Aoyama, un atelier propose des initiations à l'art du kintsugi. En petits groupes de dix personnes maximum , les participants revêtent le samue, vêtement traditionnel d'artisan, et découvrent les techniques du kintsugi lors de cours d'une heure environ. Cette expérience leur permet de redécouvrir la valeur des objets en réparant des poteries brisées à l'aide d'un mélange de laque et d'or, et d'approfondir leur compréhension de la culture et de la philosophie japonaises . Le prix du cours est de 9 000 yens par adulte et comprend l'enseignement, un souvenir et tout le matériel nécessaire. À l'issue du cours, les participants repartent avec une création unique et une nouvelle perspective sur la valeur des objets.

Taku Nakano est un potier hors du commun qui anime un cours de céramique à Omotesando. Il est réputé pour allier les techniques traditionnelles japonaises au design moderne. Son atelier abrite de nombreuses œuvres kintsugi. Créées selon sa perspective unique, les œuvres de Nakano dépassent la simple restauration. Son objectif est de rendre les poteries plus belles et plus robustes qu'auparavant. Maître du kintsugi, il transcende les frontières culturelles et artisanales , créant par exemple des œuvres symboliques qui fusionnent la culture viticole géorgienne et le kintsugi japonais, à la demande du gouvernement géorgien. Son approche novatrice et son enseignement ont suscité l'intérêt des amateurs de céramique du monde entier, contribuant à rehausser le prestige du kintsugi et de la céramique japonaise à l'échelle internationale. Le Nikkei a qualifié sa méthode de « nouvelle vague dans l'artisanat traditionnel », qui a influencé plus de 2 000 personnes, dont des personnalités de renom.

La collection kintsugi de Nakano transcende la simple restauration de poteries. Ses œuvres utilisent des matériaux rares, tels que des métaux précieux, du verre et de la laque naturelle, inspirés par l'univers et les corps célestes. Ces pièces véhiculent un message culturel et une philosophie profonde à travers le kintsugi , et conservent une pertinence contemporaine en tant que pratiques durables.

L'expérience du kintsugi proposée dans son atelier offre bien plus qu'un simple apprentissage technique : elle permet de s'immerger pleinement dans son esthétique et sa philosophie . Sous la direction de Nakano, les participants réparent de leurs propres mains des poteries brisées, méditant sur la valeur et la beauté des objets et sur le pouvoir de renaissance qui se dégage de ce processus.

Ainsi, l'expérience du kintsugi à Tokyo est bien plus qu'un simple atelier de loisirs. Elle représente une véritable exploration culturelle où se mêlent tradition japonaise et sensibilité moderne, offrant aux participants une expérience inoubliable . La collection de kintsugi de Nakano et les ateliers qu'il propose sont une porte d'entrée vers la découverte de la beauté et du savoir-faire japonais, et vers une nouvelle façon d'appréhender les objets.